Cinq années se sont écoulées entre l’appel initial et la date de mon ordination, le 6 octobre dernier. Cinq années marquées par des doutes, des étonnements, un discernement progressif, mais aussi de grandes joies. Uni à Corinne par le sacrement du mariage, nous avons entamé ensemble ce chemin, et grâce à son soutien, je suis heureux de servir l’Église à travers le diaconat. Trouver les gestes justes à l’autel et ma place dans cette nouvelle mission confiée par notre évêque n’a pas toujours été évident. Entre mon engagement au sein des pèlerinages et mon rôle dans notre pôle, l’apprentissage est constant. Mais une mission me tient particulièrement à cœur : celle d’être artisan de paix. L’Église est un lieu de communion, et pourtant, nous sommes parfois témoins de tensions, de divisions, de silences qui éloignent au lieu de rassembler. Dans ces moments, le diacre, serviteur du Christ et de l’Église, est appelé à être un pont, un médiateur, un frère qui invite au dialogue et à la réconciliation.
Ce mois de mars nous fait entrer dans le temps du Carême, une période propice à la réflexion sur notre engagement au sein d’une Église unie, où chacun peut trouver sa place et contribuer avec ses talents. L’Église a besoin de serviteurs, mais aussi de bâtisseurs d’unité. Peut-être est-ce l’occasion de tendre la main à ceux avec qui nous avons peu d’échanges, d’aller vers ceux qui restent à la marge de notre communauté, de poser un geste de paix là où des blessures persistent.
Les catéchumènes, de plus en plus nombreux chaque année, sont déjà en marche. Comment les accueillir, les accompagner, leur montrer une Église qui rassemble et non qui divise ? Se sentir accueilli est essentiel : c’est ainsi que nous formons le « Corps du Christ », cette Église universelle appelée à vivre de l’amour du Seigneur.
Servir l’Église, c’est contribuer à ce Corps. Lors de chaque célébration, en recevant l’Eucharistie, nous devenons à notre tour des tabernacles du Christ. Si nous prenons pleinement conscience de cette réalité, alors même face aux tensions et aux désaccords, nous ne pouvons que poser un regard d’amour et de miséricorde sur nos frères et sœurs. Là où il y a la division, œuvrons pour la réconciliation. Là où il y a l’incompréhension, semons la paix. Car c’est ainsi que nous serons véritablement les disciples du Christ. Au travers d’une prière que j’aime particulièrement, la prière de St François, nous pourrions nous en inspirer sur ce chemin de Carême.
« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.
O Seigneur, que je ne cherche pas tant à
être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.
Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »
Bernard DEMOLON, diacre